mardi 4 février 2014

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C'est le nombre de brebis tombées sous les crocs du loup, rien que pour l'année 2012*  
    
Ça parait fou!                  









Ils crient au loup mais personne ne veut les entendre. La bête noire des troupeaux est revenue. Elle a traversé les Alpes italiennes et ne cesse de se multiplier. En 2012, cinq mille neuf cents brebis ou agneaux sont morts sous les dents de ce redoutable prédateur, qui s'attaque aussi aux poneys et aux chiens, les laissant agonisants. Le 12 janvier sur France Inter, dans Interception, les éleveurs partageaient leur colère et leur découragement au mi­cro de Solenne Le Hen. Ces attaques récurrentes dans les alpages, parfois à quelques mètres seulement des habitations, ont traumatisé la population locale au point que des aides financières et psychologiques ont été accordées aux victimes, pour les aider à surmonter le choc. Certaines ont reçu un permis de tuer, de tirer à vue sur l'animal s'il attaque. Sur les traces du loup, l'inquiétude est palpable. Car la légende s'est faite chair

le mouton :
http://www.franceinter.fr/emission-interception-les-bergers-malades-du-loup

le cheval :
http://www.francetvinfo.fr/animaux/video-un-troupeau-de-chevaux-attaque-par-des-loups-dans-les-alpes-maritimes_443792.html

l'homme :
http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-archives-2012-le-loup-est-il-un-loup-pour-lhomme
Lorsque les écologistes affirment que le loup n'attaque pas l'homme, de deux choses l'une : ou bien ils sont ignorants ou bien ils réécrivent l'histoire. Il ne s'agit pas de fantasmes, ni de contes ou de légendes. C'est une réalité historique incontestable. Il suffit d'entendre des historiens et de relire quelques registres paroissiaux pour trouver une longue, très longue liste de cas avérés de loups s'attaquant à l'homme, singulièrement d'ailleurs aux femmes et aux enfants. Car le loup n'est pas meilleur que les autres animaux et, de préférence, il s'en prend aux proies les plus faibles. Son intelligence reconnue le conduisait à choisir cette catégorie d'humains aux capacités à résister bien moindre que celles de robustes paysans souvent armés d'une fourche, d'une faux ou d'un bâton. S'agissant des enfants, il est évident que les tâches de gardiennage des troupeaux qui leur étaient confiées, les amenaient loin de la ferme, dans des endroits reculés, à la lisière des bois et des forêts. Les loups trouvaient là des proies faciles qu'ils traînaient au fond des bois ne laissant parfois aucune trace du pauvre petit berger. Leur disparition signalée, leur famille et les villageois accompagnés du curé, arpentaient les forêts pour rechercher les restes, les recueillir et leur réserver une sépulture décente et chrétienne. En France, « près de 1 600 actes de décès, concernant la période qui va de 1580 à 1840 ont été d'ores et déjà rassemblés, pour lesquels le rédacteur incrimine le loup ou une bête dévorante », note l'historien et professeur à l'Université de Caen, Jean-Marc Moriceau. Et encore, ce chiffre est très inférieur à la réalité. Tout d'abord en raison de l'absence de notation dans certains registres paroissiaux de la cause du décès. Ensuite, de nombreuses recherches, plus récentes, recensent de nouveaux cas non comptabilisés, comme l'indique Jérôme Dupasquier, des archives de l’Ain à Bourg-en-Bresse à l'origine d'une exposition récente sur la présence du loup et de l'ours dans l'Ain.
Des loups partout
Le loup est alors partout en France. Sur le plateau de Langres, dans le Jura, en Ile-de-France céréalière, dans le Cher, les vallées de la Loire et du Rhône, dans les Cévennes. Dans le Massif-central, en Bourgogne viticole « où une veuve de vigneron est dévorée dans ses ceps ». Dans le Gâtinais, en Touraine ou dans le Limousin. Seuls, le Sud-Ouest et le pourtour méditerranéen semblent moins atteints. La plaine de Bresse et le bas Dauphiné sont les zones géographiques où les plus grands nombres de décès imputés aux loups sont enregistrés. Mais, notent les historiens, « aucune région n'est épargnée » car le loup montre une remarquable « capacité d'adaptation écologique ». Les hommes, évidemment, se sont ligués contre la bête féroce qui est devenue la bête à abattre. Des battues à l'échelle d'une région sont orchestrées par les préfets. Jérôme Dupasquier cite celle organisée en 1757 en Bresse. « Une ligne de rabatteurs déployés sur 20 kilomètres entre le Revermont et la Saône débusque et pousse tout ce qu'elle trouve vers une ligne de tir qui s'étire de Bourg-en-Bresse à Mâcon. L'enjeu est tel, que les hommes qui ne participent pas à la battue sont menacés de prison ! » Le dernier loup de l'ancienne génération tué dans l'Ain l'a été en 1956, à Injoux-Génissiat, près de Bellegarde, aux portes de la Haute-Savoie. Plus près de nous, depuis la dernière guerre mondiale, une cinquantaine d'attaques de loups sur des humains ont été recensées en Europe où leur population est estimée entre dix et vingt mille individus. Certes, dans la moitié des cas, il s'agissait de loups enragés, mais personne ne peut nier que le loup est un animal dangereux qui, contrairement à une autre idée reçue, « s'attaque à l'homme même lorsque le gibier abonde ! ».
Serge Berra  (Cet article a été rédigé en s'inspirant très largement d'un texte de Jean-Marc Moriceau, professeur à l'Université de Caen et publié, en juin 2005, dans la revue « L'Histoire ».)
Paru dans le Jura agricole















* http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?rubrique28